Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/175

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— Mais, vous-même, vous êtes prisonnière ?

— Autant vaudrait prétendre retenir la vipère dans sa main sans en être piqué, ou l’eau entre ses doigts sans qu’ils soient mouillés, que d’espérer retenir Meneh-Ouiakon captive quand elle a résolu de briser ses liens. Maintenant, mon frère, ouvre ton oreille à mes paroles. As-tu des amis près d’ici ?

— Hélas ! non ; j’en avais un, un seul, mais il est noyé… je le crains… dit Adrien avec des larmes dans la voix.

— Si, continua l’Indienne, comme si elle se parlait à elle-même, si la tribu des Nadoessis n’était en chasse sur les bords du lac des Bois[1], j’irais trouver nos parents, nos alliés…

— Dans ce pays, interrompit Dubreuil, je connais pourtant une personne qui s’intéresse peut-être à moi, c’est un Canadien-Français du Sault-Sainte-Marie.

— Que mon frère me dise le nom de ce Canadien-Français.

— Il s’appelle Rondeau.

— Rondeau, je m’en souviendrai.

— Quel est donc votre projet ?

— Mon frère le saura quand je l’aurai exécuté.

— Meneh-Ouiakon, j’ai confiance en vous ; mais, je vous en conjure, ne commettez point d’imprudence, n’exposez

  1. Pour une description de ce lieu, voir la Huronne.