Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/176

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pas une existence qui m’est cent fois plus chère que la mienne, dans l’intention de me servir.

— Ami, dit-elle, tu seras quelques jours sans me voir. Mais ne te laisse pas abattre par le chagrin. Le dévouement de Maggy t’est assuré. Compte sur elle. Je vais travailler à ta délivrance.

— Non, s’écria Dubreuil ; non, vous ne vous éloignerez pas avant que je sache…

— Cela n’est point nécessaire.

— Ah ! Meneh-Ouiakon, vous ne m’aimez pas ! s’écria douloureusement l’ingénieur.

— J’ai déjà dit à mon frère qu’il ne savait pas lire dans mon cœur.

— Mais enfin, renseignez-moi sur ce que vous allez faire.

— Il n’est pas sage et il manque d’adresse, ou il est vaniteux, celui qui cherche un conseil pour une chose qu’il a décidé d’exécuter.

— Je mourrai d’anxiété, dit le jeune homme en attirant l’Indienne contre sa poitrine.

— Non, tu ne mourras pas, car mon rêve a dit que tu verrais bien des hivers blanchir ta chevelure, répondit l’Eau-de-Feu d’un ton prophétique.

— Et, s’écria Dubreuil dominé par son accent fascinateur, votre rêve a-t-il dit aussi que ma vie s’écoulerait avec vous ?

Meneh-Ouiakon ne répondit point ; mais, tournant à