Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/200

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poursuivait approchait de plus en plus. Une portée de flèche à peine le séparait.

La grande taille de Judas, lieutenant du Mangeux-d’Hommes, se distinguait parfaitement au milieu de l’embarcation.

L’Indienne redoubla d’efforts pour s’enfoncer promptement dans la caverne.

— Par la vertueuse Shilagah, femme du bienheureux saint Patrice, patron de mon pays natal ! tu as beau faire, négresse rouge, je te rattraperai, cria Judas d’une voix perçante, dont les échos du rivage répétèrent dix fois les accents.

— Qui est-ce qui parle ? qui est-ce qui parle, mam’selle ? demanda l’ex-cavalier de 1re classe en faisant un mouvement pour regarder du côté d’où venait le son.

Le canot vacilla et menaça de chavirer ; sa course fut retardée de quelques secondes.

— Tiens-toi tranquille, mon frère, dit Meneh-Ouiakon avec une teinte d’impatience.

— Non, non, répétait Judas, tu ne m’échapperas pas, et je te donnerai des leçons d’amour, moi, par Jésus-Christ !

— Tiens, fit Jacot, qui, s’étant soulevé doucement sur ses coudes, avait fini par apercevoir l’autre embarcation, quoiqu’il n’en pût être vu, parce que l’Indienne le masquait, tiens, c’est ce grand escogriffe, ce gibier de guillotine, qui…