Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/201

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Un coup de fusil l’interrompit.

La balle frappa et troua la proue du canot, mais heureusement sans atteindre nos fugitifs.

— Oh ! je ne voulais pas te tuer, la belle ; seulement te casser le bras pour t’arrêter, vociféra Judas, en rechargeant son fusil.

— Le bandit des bandits ! maugréait Jacot entre ses dents. Ah ! si j’avais seulement ma bonne carabine du 7e dragons.

— Silence ! dit froidement Meneh-Ouiakon, que la détonation de l’arme à feu n’avait pas fait sourciller.

Ils entraient sous la voûte !

— Silence ? pourquoi ? demanda Godailleur.

— Nous sommes dans le séjour de Matchi-Monedo. Il interdit de parler, et ceux qui n’obéissent pas à ses ordres, il les écrase, répondit la jeune fille ; car, bien qu’initiée depuis son enfance à la religion catholique, elle ne pouvait encore, comme la plupart des Peaux-Rouges convertis, se défendre d’un certain penchant aux superstitions qui caractérisent si fortement les races sauvages. Suivant la tradition indienne, la Portaille est habitée par Matchi-Monedo, le Mauvais-Esprit. On lui doit, on lui fait des présents (monedo-oun). Mais il ne permet pas de causer dans son empire, sans quoi il vous tue.

L’origine de cette tradition n’est pas difficile à saisir.

La Portaille est une formation rocheuse à base de grès,