Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/207

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entre ses doigts sa coiffure qu’il avait ôtée de dessus sa tête.

Sa mine était si embarrassée que l’Indienne lui demanda :

— Mon frère désire-t-il quelque chose ?

— Ah ! si vous y consentiez !

— Délie ta langue.

— Souffrez, sauf votre respect, mam’selle, dit-il en la couvant du regard, que je vous porte sur mes épaules jusqu’au rivage.

Meneh-Ouiakon se mit à rire.

— Mon frère est fou, répliqua-t-elle.

Et, sautant dans le lac avec légèreté, tandis que Godailleur en sortait assez lourdement, elle s’attela au canot et le traîna jusqu’à la berge, dans une petite anse, au pied même de la Chapelle.

La Chapelle, ou le Dorie Rock, ainsi que l’ont rebaptisée les Anglais[1], est le vestibule des Rochers-Peints. La structure de ce roc étrange, son nom l’annonce.

Trois marches de grès naturelles, peu régulières, conduisent au temple, qui s’élève à trente pieds environ de

  1. J’ai déjà montré, dans mes précédents ouvrages, combien cette déplorable manie d’altérer les noms propres, déployée par la race anglo-saxonne, remplit de confusion la géographie de l’Amérique Septentrionale. Deux nouveaux exemples, pris sur les lieux mêmes dont je parle, achèveront d’en illustrer le ridicule. Sur diverses cartes, le Gros-Cap, situé, comme l’on sait, à l’entrée du lac Supérieur, est désigné sous le nom de Crow-Cape, parce que les