Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/213

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— Veux-tu te donner à moi ? dit-il en cherchant à l’embrasser.

— On ne donne, répliqua Meneh-Ouiakon en le repoussant, que ce que l’on possède. Je ne suis pas libre.

— Et si je te lâche, reprit-il d’une voix palpitante, m’accorderas-tu un baiser ?

— L’esclave ne peut rien promettre.

— Tiens, fit-il en desserrant son étreinte, sois libre ; mais je t’en prie, je t’en conjure…

— Et je suis libre ! interrompt Meneh-Ouiakon, se précipitant d’un bond au bas des marches qui conduisaient à son canot, qu’elle poussa au large et où elle monta, tandis que Judas s’écriait :

— Imbécile ! ma sottise me la fait perdre une seconde fois. Mais elle n’ira pas loin ; non, par la vertueuse Shilagah, femme du bienheureux saint Patrice !

Et il courut à son embarcation que, pour surprendre plus sûrement sa victime, il avait laissée à une demi-portée de fusil de la Chapelle.