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Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/233

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tons la rivière Sainte-Marie et embarque-toi avec moi sur le lac Supérieur.

Ici, bien cher, commence mon odyssée. Tu n’en croirais pas tes oreilles, si j’étais là, près de toi, pour te la narrer (tu le vois, j’adopte déjà le style épique) ; mais tâche de ne pas douter du témoignage de tes yeux.

Note d’abord que nous quittons les établissements civilisés pour entrer dans le désert, où police, gendarmerie, ni le moindre garde champêtre n’est plus possible.

Je suis sur un petit vaisseau appelé la Mouette, ayant pour société mon intrépide Godailleur, qui jure, jour et nuit, contre le mal de mer, — d’eau, devrais-je dire, quoiqu’il n’en boive qu’à son corps défendant, — et cinq ou six Yankees, joueurs de cartes infatigables, les plus drôles d’originaux que j’aie jamais coudoyés sous la calotte des cieux.

Notre bâtiment a pour destination Kiouinâ, but de mon voyage. Nous arrivons sans encombre en vue de la presqu’île. Je me couche dans l’espérance de débarquer le lendemain et de faire connaissance avec ces valeureux Peaux-Rouges dont j’ai entendu réciter de si éclatantes prouesses.

Ami, donne-moi toute ton attention.

« C’était pendant l’horreur d’une profonde nuit, »

je suis éveillé en sursaut. Des coups de fusil retentis-