Je lui ai dit : Retire-toi d’ici,
Car, par ma foi, je percerai ton habit.
Un noir corbeau, volant à l’aventure,
Vient se percher tout près de ma toiture ;
Je lui ai dit : Mangeur de chair humaine,
Va-t’en chercher autre viande que la mienne.
Va-t’en là-bas, dans ces bois et marais,
Tu trouveras plusieurs corps iroquois :
Tu trouveras des chairs, aussi des os ;
Va-t’en plus loin, laisse-moi en repos
Rossignolet, va dire à ma maîtresse,
À mes enfants qu’un adieu je leur laisse,
Que j’ai gardé mon amour et ma foi,
Et désormais faut renoncer à moi !
C’est donc ici que le monde m’abandonne,
Mais j’ai recours en vous, Sauveur des hommes !
Très-Sainte Vierge, ah ! ne m’abandonnez pas,
Permettez-moi d’mourir entre vos bras !
|
N’est-ce pas, ami, qu’il n’est guère d’élégie plus pathétique,
plus saisissante, même parmi les plus correctement
écrites ?
Pauvre ! pauvre Cadieux[1] !
Nous lui rendîmes les derniers devoirs, et je retournai,
tout attristé, au camp.
L’émotion que j’ai éprouvée en copiant, d’après l’écorce
originale, ce mélancolique adieu d’un bon et brave
- ↑ Historique.