Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/250

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Debout près d’un monceau de corps qu’on lui passait les uns après les autres, le Mangeux-d’Hommes travaillait à prouver qu’il méritait son abominable surnom.

Chaque corps, il le mordait au cou quand il était blanc, lui enfonçait un poignard dans le cœur quand il était rouge.

Son secrétaire, Jean, inscrivait sur un registre le nombre des exécutés. Je crois qu’il en était à quatre-vingt-seize blancs et deux cent soixante-dix rouges !

Permets que je n’achève pas cet odieux tableau ; il te soulèverait le cœur !

Pendant les huit jours qui suivirent cette scène de carnage, ce fut un wa-ba-na (débauche) indescriptible. La lecture des saturnales antiques t’en donnerait une faible idée. La factorerie contenait une énorme quantité de liqueurs. Ces liqueurs furent libéralement distribuées aux alliés, qui se livrèrent ensuite publiquement à des excès inimaginables.

Après m’avoir fait donner une chambre dans le fort, Jésus m’engagea à ne la point quitter tant que les Indiens seraient ivres, car autrement ma vie courrait des dangers. Mais, par une étroite fenêtre, j’étais témoin de leurs danses et des actes lubriques auxquels elles donnent lieu. Quoiqu’un grand nombre de squaws se fussent mêlées à eux après la capture de la factorerie, j’ai remarqué qu’ils ne se contentaient pas de ces créatures et