Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/263

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savoir se soumettre à tous les ordres du chef suprême, le Mangeux-d’Hommes.

Évidemment, il se préparait une grande expédition.

Dubreuil pensa qu’elle serait de longue durée, car, chaque jour, les brigands allaient à la pêche et à la chasse et faisaient boucaner quantité de chairs de poisons, bisons et daims, dont ils convertissaient aussi une partie en taureaux de pemmican.

L’hiver, le rigoureux hiver arriva. Notre ingénieur dut renoncer à ses promenades, à ses excursions au dehors. Il y avait cinq pieds de neige autour de la factorerie, et le thermomètre descendait souvent à trente-cinq degrés au-dessous de zéro.

Les gens du fort, Jésus en tête, n’en allaient pas moins traquer le bison et les bêtes fauves. Dubreuil passa alors plus d’une journée seul, sans livres, sans moyens d’écrire, trouvant l’inactivité mortelle, et attisant, dans la solitude, l’ardent amour que Meneh-Ouiakon avait allumé en son cœur.

Ses ennuis, ses souffrances, je les tairai ; mais qui de mes lecteurs ne les devinera pas ? Qui ne devinera les tortures de ce bon jeune homme, bien élevé, aimant, enterré dans un cercueil de glace, à plus de deux mille lieues de son pays natal, au milieu du désert, et réduit à recevoir sa subsistance d’une horde d’assassins !

Les plus mauvais jours s’en vont comme les bons.