Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/278

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moyen de ces signes muets qui disent tout, puisque ton absence comme l’épaisseur d’une montagne te cache aux yeux corporels de Meneh-Ouiakon, et que, comme la gelée d’hiver, elle a fermé ses lèvres. Pendant le silence des nuits mon esprit inquiet songe à toi, et comme la surface des eaux il réfléchit ta présence ; pendant la clarté du jour, je cherche Celui qui a mon amour, Celui que je n’ai jamais eu le bonheur de contempler aux rayons du soleil ; je le cherche et ne le trouve plus. Son ombre même m’a quittée.

Puisses-tu ne pas trop languir là Meneh-Ouiakon t’a laissé, il y a bientôt six lunes, et puisse cette feuille plus légère que la feuille du bouleau, cette feuille à laquelle je confie le chagrin et l’espoir de mon cœur, te parvenir fidèlement, Ihouamé Miouah !

Ouvre l’oreille à mon récit, Nitigush-Ouscta[1], il est heure que tu remontes avec la fille des sachems nadoessis le courant de sa vie, car si ton amour est grand, généreux, le sien est grand aussi comme le chêne aux verts ombrages, sous lequel il fait bon se reposer, et il est transparent comme l’onde de la source.

Meneh-Ouiakon sent son âme lourde ; elle l’ouvre à celui qu’elle aime, afin que le ciel devienne bleu et pur pour elle et pour lui.

  1. Français bon.