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Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/280

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périeur, les rivières pleurent leur départ. Dis-moi, Ihouamé Miouah, que ces pleurs auront une fin.




Je veux m’entretenir avec Toi qui vis dans ma pensée, dont sans cesse les yeux de mon esprit voient, pour l’adorer, la noble image.




Écoute mon discours.

Nous avions planté nos loges près du fort Williams[1], pour y échanger des pelleteries contre des couvertes, de la poudre et des munitions. Un jour, j’étais seule dans le wigwam, mon frère et notre père faisaient la traite à la factorerie. Un homme, un blanc, entra. Sa parole était douce comme le miel, sa langue, celle des Nitigush. Il était si beau, son regard avait une telle douceur, sa voix une suavité si grande, que je le crus bon.

« Je t’aime, » me dit-il, et moi, entendant cette musique harmonieuse, comme après une chaude journée le frémissement de la brise dans le feuillage, moi je ne pus lui répondre : « Je ne t’aime pas ».

Il m’avait troublée. Je songeai à lui toute la journée, quand il fut parti. Mon frère et mon père ne revinrent pas le soir. Je m’endormis en rêvant à cet homme blanc.

  1. Sur le lac Supérieur. Voyez la Huronne.