Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/285

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yeux son cœur s’est illuminé, ainsi que la forêt s’embrase et flamboie au contact de l’étincelle. Sans tache encore, purifiée en son esprit de son amour indigne par le feu que tu as allumé en elle, elle aurait été joyeuse d’être ton épouse devant ton Dieu qui est le sien et qui a proclamé l’égalité des races. L’amour de Meneh-Ouiakon est immense comme les territoires de l’Ouest, inépuisable comme les eaux du Grand-Lac. Cet amour, il est à toi. Tu le sais. Aussi bien il te faudrait douter de la nourriture que tu manges, du breuvage que tu prends, que de la tendresse qui gonfle mon cœur pour toi. J’en suis fière, j’en suis heureuse, je l’annoncerais aux guerriers nadoessis, dussent-ils me faire souffrir mille tortures.

Mais toi, ô Hiouamé Miouah ! as-tu bien sondé ton amour ? sa profondeur t’est-elle connue ? les écueils dont il est environné, les as-tu tous explorés ? N’en est-il pas un inobservé par toi et sur lequel viendra échouer le canot qui porte notre commune destinée ? J’ai peur. Pardonne, ami, j’ai peur ! Le bonheur m’effraie ! Mon passé, mon ignorance, la couleur de mon visage… Ah ! je n’aurai fait qu’un rêve !




Meneh-Ouiakon sent son âme lourde ; elle l’ouvre à celui qu’elle aime afin que le ciel ne devienne pas pour lui sombre et nuageux comme il l’est pour elle.