Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/289

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Ihouamé Miouah, la fille des sachems nadoessis sent son âme lourde ; elle l’ouvre à celui qu’elle aime, afin que le ciel ne devienne pas pour lui sombre et orageux comme il l’est pour elle.




Ici la douleur a tiré son voile sur ma radieuse journée. En présence des filles blanches, lumineuses comme la lune, parfumées comme les fleurs de nos bois, légères et gracieuses comme les biches, qu’est-ce qu’une malheureuse squaw ? L’onde des fontaines m’avait fait croire que j’avais quelques charmes ; vos miroirs me montrent si laide que je les évite ; la teinte de ma chair est hideuse, mes cheveux sont durs et raides comme des flèches, mes joues sans rondeur n’offrent que des angles ; j’ai la taille maigre et sèche ; mon plus beau costume est aussi disgracieux que mes formes. Je sens tout cela, j’ai horreur de moi-même ! Mon Dieu, pourquoi cette distinction entre ma race et celle de mon bien-aimé ?

Ihouamé Miouah, tu ne reverras plus la fille des sachems nadoessis. Elle n’était point faite pour toi. Non-seulement son cœur n’a ni la vaillance, ni l’ardeur du tien, mais son esprit rampe comme la tortue, et celui de l’homme blanc s’élève, vole comme l’aigle des Montagnes de Roche.