où il évolua cinq ou six fois, en décrivant des cercles de plus en plus étroits, de plus en plus rapides, et s’enfonça pour ne reparaître jamais.
Le drame ne dura pas vingt secondes.
Un moment épouvanté, sentant frissonner sous lui la roche sur laquelle il se tenait, Adrien avait fermé les paupières, croyant que le cercueil liquide allait s’ouvrir encore pour le recevoir et l’engloutir avec le canot qu’il avait vu submerger si promptement.
Prolongée, cette hallucination eût pu être funeste au jeune homme. Par bonheur, elle fut passagère comme la cause qui l’avait produite.
Adrien rouvrit les yeux.
Ses regards se portèrent machinalement, quoique avec effroi, sur le gouffre.
D’abord, il ne vit rien, n’entendit rien que le grondement des eaux en furie.
Mais bientôt, au milieu des flots, il aperçut une tête, puis l’extrémité supérieure d’un corps humain cramponné au rocher, vis à vis et à quelques pas de lui.
Le malheureux s’épuisait en efforts pour résister au tourbillon qui, comme un serpent affamé, lui serrait les reins, les cuisses, les jambes dans ses anneaux multiples.
Cet infortuné, c’était l’Indien.
Il ouvrait la bouche toute grande, il criait, il implorait du secours ; cela se voyait, cela se comprenait, mais cela n’arrivait pas aux oreilles.