Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/44

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Adrien était brave.

S’il eût pu sauver la victime au péril de ses jours, il l’eût fait, il se fût jeté à la nage.

Il n’y fallait pas songer. Au lieu d’une proie, l’abîme en aurait dévoré deux.

Courir au village ! Le temps ne pressait-il pas trop ?

Adrien cherche, cherche autour de lui. Il n’y a pas une planche, pas une perche !

Inspiration du ciel ! Voici un bouleau qui a crû, en ligne diagonale, dans une anfractuosité de la Pierre-Branlante, au-dessus du Trou-de-l’Enfer. L’arbre est grand, pas très-gros. Adrien se glisse à la racine. D’une main il se tient au rocher, de l’autre il porte avec sa hachette de vigoureux coups au bouleau, qui fléchit, se penche, chancelle, tombe transversalement dans les Rapides.

— Gare ! crie le jeune homme, sans songer à l’inutilité de cet avertissement.

Sa voix se perd dans le roulement de la cataracte.

Cependant le bouleau, tranché aux trois quarts, reste attaché, à son pied, par des ligaments, tandis que, accroché par les branches aux écueils des Rapides, son tronc forme une passerelle sur le Trou-de-l’Enfer.

Mais, en s’abattant, quelques rameaux ont atteint l’Indien, que l’on ne distingue plus.

Adrien s’élance sur l’arbre. Il arrive à l’endroit où le sauvage a été immergé.