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Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/84

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délices un excellent havane, sans trop s’inquiéter de Godailleur qui geignait près de lui.

— Sauf votre respect, vous êtes bien heureux, vous, mar’chef, de pouvoir fumer comme ça ! dit celui-ci entre deux hoquets !

— Veux-tu un cigare ?

— Une cigale ! mar’chef ! vous désirez ma mort, sans vous faire d’offense.

— Tu les aimes pourtant ?

— Ah ! oui, à terre, on en fume tout de même des cigales, avec les camaraux, quand on est en goguette, mais…

Jacot n’acheva pas sa phrase. Saisi d’un besoin impérieux, il s’était précipité vers le plat-bord du bâtiment.

Une minute après, il revint fort pâle à sa place, en s’essuyant la moustache avec la manche de son capot.

— Ça vous arrache l’âme, murmura-t-il ; ah ! si j’avais su !

— Je t’avais prévenu !

— Sans vous manquer de respect, mar’chef, je vous ai suivi et je vous suivrais au bout du monde, même entre les tigres et les lions ! mais ça n’empêche que j’aime mieux le plancher des vaches… Voyez-vous, mar’chef, ma tête vire… vire… et ça me gargouille là-dedans…

Il se frappa la poitrine.

— Oui, ça me gargouille… brrrout…

Et Godailleur courut encore s’accouder à la préceinte.