Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/83

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de petites lames, courtes, mais violentes, qui la battaient en tous sens.

Le ballottement du navire rendait incommode le séjour sur le pont. Cependant Dubreuil résolut d’y rester, autant pour jouir du spectacle qu’il avait sous les yeux que pour éviter la cabine, où l’on respirait une odeur infecte d’huile de poisson, de goudron et de salaison.

Inutile de dire que Jacot Godailleur demeurait en planton près de lui.

Si grotesque que fût le digne ex-cavalier de première classe dans son uniforme de dragon, il l’était bien autrement dans son costume de trappeur, rehaussé de ses grandes bottes éperonnées !

Il semblait que le tranchant de sa figure se fût affilé et que ses moustaches jaunes eussent allongé.

Constatons, toutefois, pour l’acquit de notre conscience, que le malheureux dragon commençait à sentir les atteintes de cette affection si désagréable, si accablante, qu’on appelle le mal de mer, et auquel bien peu de personnes, même parmi les plus aguerries aux tourmentes de l’Océan, échappent sur les grands lacs de l’Amérique Septentrionale.

Dubreuil, cependant, n’en était point du tout incommodé.

Assis sur une barrique, au pied du mât principal, et tenant à la main son télescope de voyage, il humait avec