Page:Chevalley - Le Roman anglais de notre temps.djvu/107

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Butler et son Influence 9 1 gagner de l'argent. Il avait eu l'occasion de regarder le monde par l'autre bout de la lorgnette. Dans cette vie libre et simple, il avait apporté sa force térébrante d'analyse et de critique, son incroyable activité de pensée et d'imagination, — le goût du paradoxe aussi, le plaisir et l'orgueil du raisonnement. Le jeune émigrant était tout ce qu'on peut être, sauf sentimental et lyrique. Toutes les forces de sa nature, tous les dons de son esprit, furent soudain mis en mouvement par la publication de The Origin of Species et la doctrine de l'évolution. Pour lui comme pour toute sa génération ce fut un choc libérateur. Les deux pamphlets qu'il publie en Nouvelle- Zélande: Darwin among tke Machines et Lubricatio Ebria, contiennent le germe A'Erewhon. De retour à Londres, son destin était fixé. Il serait explorateur en chambre, explorateur d'art, d'idées et de science. Il commence par perdre en mauvais placements une partie de son avoir (cf. les spéculations de Pryer avec le capital d'Ernest Pontifex) et fait en vain plusieurs voyages au Canada pour rétablir sa situation. De 1876 à 1886, il se débat contre les difficultés financières. Toutefois il eut toujours assez d'argent pour vivre. L'héritage de ses parents en 1886 lui donna une large aisance. De même, Ernest Pontifex est sauvé par le legs de sa tante. La question argent reste au premier plan dans son œuvre comme dans celle de Balzac. La pénurie avait aggravé sa réclusion. Pendant trente-sept ans, de 1 865 à 1902, il vécut dans un modeste logement à Clifford's Inn, soumis à une discipline quasi-monastique. L'heure de son lever, de son coucher, l'itinéraire de sa course quotidienne au British Muséum, le nombre de ses cigarettes, l'intervalle entre ses diges- tions, étaient rigoureusement fixés et observés. j a ,tiz B dbvG00gle

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