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Page:Chevalley - Le Roman anglais de notre temps.djvu/133

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excellentes nouvelles publiées sous le titre de Island Nights Entertainments et le volume des délicieuses Vailima Letters sont les fruits principaux de cette période.

Quiconque n’a pas lu Stevenson ignore le charme sain des récits d’aventures bien composés et bien écrits. Ses amis ont failli lui faire tort en présentant cet exquis conteur comme un génie de premier ordre. Une réaction est survenue. Son talent d’écrivain n’est pas contesté. Mais la génération présente lui conteste toute originalité, toute sincérité. « Un poseur qui exploite son charme, » tel est le verdict d’un de ses plus récents critiques. — « Un feuilletoniste retors, » dit-on aussi, « pur comme l’eau claire, léger comme le vide, qui sait avec art conter des riens. »

Il est vrai que les personnages de Stevenson sont d’une simplicité élémentaire. Il est vrai qu’il compose et invente comme s’il n’avait pas soupçonné les complexités de l’existence matérielle, ni les problèmes de la vie morale. N’empêche que nous relisons Treasure Island et The Master of Ballantrae quand maint ouvrage plus ambitieux a perdu pour nous toute saveur. Ce n’est pas un mince privilège que de captiver à la fois le savant et l’ignorant, l’enfance et la vieillesse. Et puis, Stevenson était, qu’on le veuille ou non, un grand artiste en prose. Ils ne sont pas si nombreux les romanciers anglais qui furent en même temps des écrivains accomplis. On peut bien pardonner à l’un des plus cultivés d’avoir laissé paraître qu’il l’était.

Stevenson mourut en 1894, quand Joseph Conrad commençait à écrire. Ce dernier a, depuis vingt-cinq ans, hérité de la maîtrise dans le roman d’aventures. Mais il y a beaucoup ajouté, grâce à son incomparable