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Page:Chevalley - Le Roman anglais de notre temps.djvu/139

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Le plus spirituel et le plus amusant des raconteurs mondains, Anthony Hope (aujourd’hui Sir Anthony Hope Hawkins), participa pour ses débuts à la détérioration du roman d’aventures. The Prisoner of Zenda (1894) et Rupert of Hentzau (1898) obtinrent un succès tel, et tellement hors de proportion avec leur valeur, que tout écrivain moins intelligent en aurait été gâté. Anthony Hope revint heureusement aux comédies mondaines où il excelle, par exemple : Dolly Dialogues. Il a, dans Quisante, puis dans Mrs. Maxon Protests, donné sa mesure comme romancier de mœurs.

Le roman romanesque était en train de mourir de son succès ; il sombrait dans l’exagération, l’invraisemblance, la vulgarité, quand Maurice Hewlett lui redonna pour quelque temps un certain lustre.

Humaniste et historien, plein d’allusions littéraires, nourri des classiques anciens et modernes, maître d’un style qui serait parfait s’il n’était prémédité, pénétré de tous les mythes et de toutes les légendes que les livres ont conservées ; riche de tout ce que peut apprendre une bibliothèque et enseigner l’étude, Maurice Hewlett apportait au roman une culture dont aucun de ses contemporains n’avait eu, semble-t-il, le privilège. Ses premières œuvres et quelques-unes de ses dernières sont de poétiques ou dramatiques adaptations de la légende ou de l’histoire dans l’Europe du moyen âge : The Forest Lovers (1898), Little Novels of Italy (1899), Richard Yea and Nay (1900), Brazenhead the Great (1911), The Song of Renny (1911), The New Canterbury Tales (1901), The Queen’s Quair (1904). Un écho de Tennyson s’y fait entendre. Tout y est pur, noble, parfois un peu mièvre, un peu sucré. La prose en est ornée comme une chapelle italienne ; elle a des reflets de vitraux et d’argenterie, une odeur