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Page:Chevalley - Le Roman anglais de notre temps.djvu/142

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verse tout doucement ses idées, sa maison et son existence. Les charmants personnages épisodiques de Pasquale et de Judith servent de repoussoir.

Berzélius Nibidad Paragot, « le vagabond bien aimé », est une des trouvailles de la fiction contemporaine. Sale, érudit, errant, râpé, plein de vin et de science, de génie et de sagesse, sympathique et humain, il peut tomber dans les pires aventures, succomber aux plus basses tentations, sans être vulgaire ni déplaisant. L’histoire de son amour impossible pour une femme de la société anglaise ne mérite pas d’être retenue. La mémoire de ses pérégrinations avec Asticot et Blanquette de Veau peut s’effacer. Mais sa physionomie à lui reste dans le souvenir à côté de celle de Falstaff. Paragot, souvent imité, jamais égalé, est une acquisition contemporaine.

Depuis lors, W. J. Locke est revenu à des amusements sans conséquence. Simon the Jester (1910) conte les amours d’une dompteuse et d’un malade. The Joyous Adventure of Aristide Pujot (1912) ressuscite le roman picaresque. The Glory of Clementina Wing (1911) contient un caractère pathétique, sincère, vraisemblable, celui de la grande artiste désillusionnée et mal fichue qui roule à la bohème.

Robert Hichens est un écrivain plus consciencieux et plus profond. Pourquoi n’a-t-il pas donné tout ce qu’il promettait ? Il semble qu’il se soit perdu par excès d’analyse, dans un vain effort pour atteindre l’inaccessible, qu’expliquent peut-être son éducation de musicien et ses essais d’occultisme.

En 1894, il publia The Green Carnation, satire aiguisée du mouvement esthétique et symboliste, qui le rendit