Page:Chevalley - Le Roman anglais de notre temps.djvu/175

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cinq grands romanciers contemporains 159 et d'en discuter la doctrine, mais ce n'est pas mon sujet. M. Wells est convaincu que l'humanité sera plus heureuse quand elle sera plus confortable. Il fonde la Cité future sur le développement des inventions mécaniques et la toute-puissance d'une bureaucratie perfectionnée, infail- lible. Par le machinisme, il affranchit l'humanité de la souffrance — et par conséquent du bonheur ; de l'effort, — et par conséquent de la liberté. On a dit de la partie constructive de son œuvre qu'elle représente l'idéal d'un mécanicien de 1" classe. Mais sa critique destructive est aussi de première classe. Cest par là que les Utopies de M. Wells se rattachent au roman social de son temps. S'il n'avait écrit que des récits d'aventures scientifiques, et des dissertations sociologiques, il n'aurait pas révélé sa vision de la vie. Il ne serait pas un romancier. Mais, à partir de 1905, il prend de temps en temps pour sujet, entre deux cités futures, ceux de ses contemporains qu'il connaît bien. Et c'est alors qu'apparaît le grand Wells. Un petit maître d'école, mal équilibré, s'impose une discipline rigide pour arriver. Il tombe amoureux, se marie sans argent, ruine sa vie. Voilà le sujet de Love and Mr. Lewiskam. La pathétique et véridique ab- surdité de cette destinée se répète dans celle de Kipps, le petit employé de commerce, tout éberlué, saugrenu, touchant, qui saute, par héritage, dans un nouveau milieu social et s'y heurte à l'inconnu. Dans Tono-Bungay, le tableau s'étend à toute la société anglaise, travaillée par le commerce et la réclame. Là encore un gamin Imaginatif et contradictoire échappe à l'existence sordide ; il traverse de bas en haut la masse sociale de l'Angleterre, à la suite d'un oncle tout bouillonnant d'entreprises, qui représente l'esprit du commerce et de la réclame en train D 3 'fe«iby Google

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