Page:Chevalley - Le Roman anglais de notre temps.djvu/185

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cinq grands romanciers contemporains it>9 peintures. Pas plus que des peintures flamandes ou hol- landaises. Il n'y a pas de soleil, voilà tout. Arnold Bennett dit quelque part avec raison que son œuvre n'existerait pas s'il n'avait pas senti, admiré ses modèles. Et, en effet, il est un Anglais, et un provincial anglais, derrière sa façade d'artiste moderne et cosmopo- lite. « Rien », s'écrie-t-il, < de plus britannique dans toute «la Grande-Bretagne que les Cinq Villes et leurs Potteries.» Et, ailleurs : « Qu'il décrive n'importe quelle sorte de vie, « il faut que le romancier ait d'abord été séduit, charmé. « Il n'a pas d'autre raison pour écrire. » Étrange charme, que personne encore n'a décrit — mais charme quand même. S'il était légitime de demander à un auteur ce qu'il n'a pu ni voulu donner, on pourrait dire que ce qui manque à Bennett, ce n'est pas la beauté, mais l'intelli- gence. Voilà un bien gros mot. Dieu sait que rien ne peut dépasser la compréhension, la pénétration d'Arnold Bennett dans son domaine. On regrette seulement qu'elle ne s'ordonne pas, s'arrête aux constatations et ne four- nisse aucune idée, ne révèle aucune vision de la vie. Un talent naturel qui est immense et immensément volontaire, une certaine coquetterie de cynisme, une tension légitime et sensible vers le succès, une incon- testable originalité dans un cadre étroit, voilà donc Arnold Bennett, le peintre des petites gens. En le voyant entasser détail sur détail, fait sur fait, on se demande parfois pour quel objet ce maçon bâtit, s'il sait où il va, s'il construit une cité nouvelle, ou bien s'il con- tinue, suivant sa propre expression, « le règne du provi- « soire mal fichu». Du moins, nul ne conteste l'adresse et la dextérité de ses mains, ni que les murs ne soient en vraies briques, ni qu'il y ait plaisir à le voir travailler. j a fe B db y Google

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