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CHAPITRE IX

LES ROMANCIÈRES ANGLAISES DEPUIS
GEORGE ELIOT JUSQU’À LA GUERRE

§ i

Les Romancières populaires

J’ai déjà dit avec quelle ferveur les femmes anglaises concouraient, vers la fin de l’âge victorien, au mouvement d’émancipation, de révolution universelle, qui se produisait alors dans les mœurs avant d’atteindre les institutions. Elles ont, depuis lors, atteint les objets principaux de cette campagne enthousiaste, spontanée, désintéressée, illuminée par d’innombrables sacrifices. Le divorce est devenu plus facile. La femme est devenue plus libre dans le mariage, et en dehors. L’opinion supporte et même approuve l’indépendance féminine sous toutes ses formes. L’éducation ne connaît plus guère que la sympathie et le plaisir comme moyen, et la rigueur de naguère en est absente. Enfin, les femmes votent.

Il ne paraît pas qu’elles en soient plus heureuses ni répandent plus de bonheur. Peut-être se rendent-elles plus utiles, si l’utilité se mesure à la capacité. Quel que soit le résultat de leur croisade, le roman s’y est adapté pendant toute une génération.

La femme trahie et qui se venge, la femme incomprise qui se meurt, la femme croyante et pourtant révoltée, la femme opprimée moralement et économiquement, la femme égale de l’homme, la femme responsable de l’éducation, voilà quelques-uns des thèmes que les