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CHAPITRE II

LE ROMAN ANGLAIS AU XIXme SIÈCLE

§ i

Le nouveau siècle

Nous arrivons au second grand « moment » dans l’évolution du roman anglais. Il doit aux auteurs du dix-huitième siècle son existence et sa force, à Walter Scott son prestige. Mais Dickens et Thackeray, George Eliot et Charlotte Brontë, George Meredith et Thomas Hardy, pour ne citer que les principaux noms de cette période étonnante, ont tellement élargi son domaine, augmenté sa portée, qu’il parait au vingtième siècle avoir absorbé tous les autres genres littéraires. Ce n’est point qu’il ait plus rapidement changé. Son développement fut au contraire moins soudain qu’au dix-huitième siècle. Il ne s’est ouvert que peu de nouveaux domaines moraux et psychologiques, car l’homme intérieur reste semblable à lui-même. Mais, outre que les moyens et objets de l’exploration sont plus divers, le dix-neuvième siècle apportait au roman anglais une succession rapide de publics nouveaux, avec le triomphe du machinisme, l’émancipation des masses moyennes, puis des masses ouvrières, leur bataille avec les classes possédantes, les découvertes inouïes de la science, son conflit avec la religion. De sorte que la fiction repasse bien par les mêmes sentiers, mais y rencontre d’autres groupes dans des conditions