Aller au contenu

Page:Chevalley - Le Roman anglais de notre temps.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

soient, souffrent, à première lecture, de n’être accessibles qu’au spécialiste.

Ce n’est pas seulement par l’anecdote apocryphe et l’attrait équivoque des allusions à un scandale mondain que Diana of the Crossways fut et demeure — avec justice, si j’ose le dire en face du sentiment contraire chez maint critique — plus généralement appréciée. C’est aussi parce que le sujet comportait nécessairement plus d’action, et par conséquent de clarté. Les personnages y ont une vie plus terrestre.

Il ne faut pas croire cependant que Meredith ait été sans influence sociale et littéraire. Bien loin de là. L’action d’un écrivain est parfois en raison inverse de sa popularité. Voyez Comte et Nietzsche. Il suffit que leurs idées filtrent et se diffusent. Depuis cinquante ans, celles de Meredith, indirectement répandues, révolutionnent l’art et la moralité de l’Angleterre. Il a plus fait que personne pour saper le colosse victorien. Les femmes lui doivent le plus clair de leur dignité, de leur liberté conquises. Il aurait frémi de certaines conquêtes. N’importe. Le roman entre ses mains est encore plus différent du genre de Dickens, de Thackeray, de George Eliot, que celui-ci n’était éloigné de l’espèce originale, telle que l’avait créée le dix-huitième siècle.

Ce n’est pas un arrangement artificiel, mais la symétrie forcée des circonstances et des faits, qui groupe deux à deux les grands romanciers du dix-neuvième siècle : Dickens et Thackeray, Charlotte Brontë et George Eliot, George Meredith et Thomas Hardy. Chacun est, dans le même temps, fonction de l’autre, complément et contraire à la fois.

M. Thomas Hardy, depuis la mort de Meredith, est la