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DU CAFÉ ET DE SES FALSIFICATIONS.

et comme le prix était inférieur au prix du bon café, qu’il ne contenait pas de chicorée, celui-ci nous répondait : « Comme il faut soutenir la concurrence, nous achetons les cafés avariés et nous en mêlons une quantité plus ou moins grande avec du bon café. »

Les négociants de l’ordre le plus élevé regardent comme un fléau la vente de ces cafés avariés vendus publiquement et qu’on ne peut saisir, puisqu’ils ont été achetés pour ce qu’ils sont, et que si on les a achetés, on peut les revendre. Il serait heureux qu’une réglementation intervint relativement à ce genre de marchandise, et que tout le café avarié fût détruit ou livré à des chimistes pour en extraire la caféine.

Un des négociants que nous avons consultés nous écrivait : « J’ai jusqu’à présent vendu des cafés purs et exempts de tout mélange ; mais je me vois, par les concurrences qui me sont faites, forcé de renoncer à mon commerce, ou de faire comme tout le monde, etc., etc. »

L’Administration, pour faire cesser cet état de choses, pourrait consulter les négociants en café sur les inconvénients qui résultent de la vente des cafés avariés, et sur ce qu’il y aurait à faire à cet égard. Voici d’ailleurs notre opinion :

1° À l’arrivée, tous les cafés avariés seraient triés avec soin, tout ce qui serait reconnu altéré serait détruit, à moins qu’on ne leur trouvât un usage industriel.

2° L’Administration ferait surveiller le triage, et mettre à part ou détruire le café altéré séparé de celui qui ne l’est pas.

On nous a objecté que cette opération causerait une perte à l’État. Nous ne le croyons pas ; nous croyons au contraire qu’il y aurait avantage dans ce mode de faire pour le trésor public[1]. En effet, le café avarié, ou dit avarié, se vend avec réduction de droits ; si ce café était détruit, comme il faudra

  1. Le café paye un droit d’entrée de 50, 60, 78 et 105 fr. les 100 kilogrammes, selon qu’il proviennent de nos diverses colonies ou de l’étranger.