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DU CAFÉ ET DE SES FALSIFICATIONS.

et du commerce, relative aux fraudes aUlquelles sont sujets les cafés-chicorées.

6° Lettre ministérielle relative à une proposition faite par le sieur Aillaud (de Beaucaire) de donner gratuitement à l’armée d’Orient une certaine quantité de café indigène, dont il est l’inventeur.

7° Refus du Conseil, basé sur l’ignorance où l’on est de la composition de ce produit, sur les propriétés adoucissantes et calmantes attribuées par l’auteur à son produit, propriétés en opposition avec celles du café, et qui éloignent l’idée d’une similitude d’action entre le café et cette préparation de l’auteur.


III. — M. le baron Larrey nous a donné son opinion dans une lettre du 8 octobre 1861, que nous rapportons textuellement :

« L’usage du café dans le régime alimentaire de l’armée est une question d’hygiène militaire digne de vos savantes recherches. Vous avez bien voulu me demander mon avis sur ce sujet au Conseil de salubrité, et je me serais empressé de vous adresser plus tôt, si je n’en avais été empêché par diverses obligations ; mais j’ai chargé l’un des secrétaires adjoints du Conseil de santé, le docteur Martin, de rechercher dans nos archives les divers travaux relatifs à cette question, et de vous les indiquer, en vous soumettant quelques remarques de lui sur la falsification du café. Il devait même avoir l’honneur de vous voir ces jour-ci, et m’excuser auprès de vous de n’avoir pu répondre encore à votre demande, ce qui me reste à vous dire se trouvera ainsi simplifié.

» L’utilité du café pour les troupes en campagne m’avait été démontrée depuis longtemps par mon père, qui lui-même en avait constaté les excellents effets lors de l’expédition d’Égypte et de Syrie, en appréciant les avantages de cette coutume parmi les indigènes. Il contribua beaucoup à l’introduire plus tard dans l’armée.

» Il considérait même le café fait à la façon de l’Orient, comme une boisson préventive de la fièvre intermittente, et je me rappelle qu’en 1842 lorsque je l’accompagnais dans sa funeste inspection médicale en Algérie, il eut à ce sujet une conférence assez animée avec le maréchal Bugeaud alors gouverneur général.

» La fréquence des fièvres intermittentes était telle à cette époque notamment dans la contrée de Bône, que le maréchal voulait faire prescrire aux troupes du sulfate de quinine comme moyen préventif. Mon père lui démontra l’inutilité, les inconvénients et les abus à craindre d’une semblable prescription, en lui proposant divers moyens d’hygiène générale et particulièrement l’usage du café substitué spécialement à l’eau-de-vie dans les exercices, les manœuvres, les marches et les expéditions.

» Les précieux avantages de cette substitution m’ont été démontrés plus