Aller au contenu

Page:Chevremont - Jean-Paul Marat, esprit politique, t. 1, 1880.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
3
ÉCOLE DU CITOYEN.

de montres et de compensateurs, s’établit à Genève, où la nouvelle de la mort tragique de l'Ami du peuple lui parvint. Ce Jean-Pierre Mara, selon M. F. Bovet, serait mort à Carlsruhe, vers 1846, à l’âge de 80 ans environ. C’est de ce dernier fils que descendent les représentants actuels de cette famille[1].

A voir les sottises et les turpitudes que l’aveuglement et la fureur des antagonistes de Jean-Paul Marat ont publié jusqu’à ce jour pour souiller sa mémoire, on s’étonne qu’ils ne l’aient pas encore calomnié jusque dans le sein de sa respectable mère. Mais la calomnie veillait dans l’ombre au berceau de l’enfant. Un certain Fauche-Borel, qui a laissé des mémoires, dit, à propos de l’insurrection où les bourgeois de Neufchâtel firent justice de l’avocat général Gaudot, avoir vu J.-P. Marat, encore enfant, exciter un ramas de petits furieux à des violences pour lesquelles ses faibles mains étaient encore impuissantes.

Ce trait aurait vraiment manqué à l’histoire de Marat, et on n’hésiterait pas à y croire, pourvu, écrit le judicieux M. F. Bovet, pourvu qu’il fût vraisemblable. Mais le meurtre de Gaudot eut lieu en 1768, et à cette époque-là, cet enfant, ce chef imberbe, ce petit cannibal qui excitait ses camarades à des violences pour lesquelles ses faibles mains étaient impuissantes, était un homme de vingt-cinq ans, qui depuis

  1. L’état civil que nous donnons de Jean-Pierre Mara résulte d’une requête adressée par lui au Comité provisoire d’administration de la ville et république de Genève, en date du 19 juillet 1793, dont l’original est aux Archives nationales de France, section administrative. — Cote F 7. 4385. — Pièces relatives à l’assassinat de Marat. — 182 e carton. Voir pour la reproduction nos documents justificatifs, n° I.