Aller au contenu

Page:Chevremont - Jean-Paul Marat, esprit politique, t. 1, 1880.djvu/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
7
ÉCOLE DU CITOYEN.

sciences, la médecine, la littérature, la philosophie et la politique.

Marat se trouvait donc en France dans le temps où La nouvelle Héloïse de Jean-Jacques préoccupait l’esprit public, à ce point de partager en deux camps les différents appréciateurs de ce roman. En fallait-il davantage à ce jeune ambitieux de gloire, à cette âme sensible, à cette imagination de feu, pour rêver lauriers et s’essayer comme tant d’autres dans le genre du roman de mœurs, si fort en vogue à l’époque. C’est alors, et sous l’empire de la renommée qui, partout en Europe, acclame l’auteur de La nouvelle Héloïse, que Marat, alors âgé de dix-huit ans, entreprend, sous la facture de Lettres polonaises[1], un roman de mœurs dont il ne parlera jamais et qu’il oublia bientôt et pour toujours dans la poussière de ses cartons.

Dès cette époque, la secte des philosophes matérialistes fit auprès de lui d’inutiles tentatives pour l’attirer dans son parti ; mais l’aversion qu’on lui avait inspiré,

  1. Sauf la différence dans le mérite des ouvrages, les Lettres persanes, comme les Aventures du jeune comte de Potowski, sont œuvres de jeunes auteurs.

    Le roman posthume de Marat parut pour la première fois, en 1847, dans le Musée littéraire du journal Le Siècle, et sous le titre : Aventures du jeune comte Potowski. Il fut réédité in extenso en deux volumes in-8o, sous le titre assez singulier : Un roman de cœur. Pour tout ce qui concerne la bibliographie de ce roman, voir : Marat, Index du bibliophile, etc., pages 31 à 33.

    On attribue à Marat un autre roman inédit, mais purement philosophique, sous le titre : Lettres polonaises. Grâce à l’obligeante communication de M. Gabriel Charavay, nous possédons par nombreux extraits la substance de cet ouvrage que nous déclarons, une fois de plus, n’être point de Marat, lors même qu’il serait signé. Rien de plus illogique que d’attribuer à Marat, essentiellement spiritualiste, ses ouvrages en font foi, un roman si empreint de matérialisme qu’on le croirait de la plume du baron d’Holbach.