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Page:Chevremont - Jean-Paul Marat, esprit politique, t. 1, 1880.djvu/28

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JEAN-PAUL MARAT.

dès l’enfance, pour leurs principes, l’éloigna pour toujours de leurs assemblées et le garantit de leurs funestes leçons. C’est lui-même qui l’a dit. C’est que, comme J.-J. Rousseau, s’il reconnaissait l’existence d’un être suprême, il rejetait toute révélation et tout sacerdoce.

Au résumé, avec une âme sensible, un cœur ouvert à toutes les passions exaltées et surtout à l’amour de la gloire, doué d’une aptitude extraordinaire pour l’étude, studieux dès l’enfance à ce point de n’en partager ni les frivolités ni les jeux ; poussé dans les sciences par un père qui aspirait à faire de son fils un savant, élevé au milieu d’un pays libre à une époque où la philosophie préparait les grandes réformes révolutionnaires, tout semble s’être rencontré dans cette nature d’élite pour doter la science d’un nouveau disciple et la politique d’un vulgarisateur éminemment logique des principes constitutionnels que le XVIIIe siècle travaillait avec ardeur à faire germer dans le domaine public. Le besoin d’observer, d’étudier, de connaître par lui-même le jeu des passions humaines, le droit public et les lois des diverses nations le pressent de visiter les principaux Etats de l’Europe. Après plusieurs années employées à ses études, de Paris, Marat passe à Londres, qui deviendra pour lui, à plusieurs reprises, le siège favori de ses longues excursions. De Dublin, où il séjourne une année, il passe à Edimbourg. Après cette exploration à travers la Grande-Bretagne, Marat quitte l’Ecosse et fait voile pour la Hollande, où il visite tour à tour La Haye, Utrecht, Amsterdam, et revient à Londres.

Depuis son départ de Boudry, en 1759, quatorze années se sont écoulées durant lesquelles Marat a mis le temps à profit. Comme politique, la tyrannie qui