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ÉCOLE DU CITOYEN.

de liberté qui vous est laissé est prêt à disparaître. Mais l’heure des réparations s’avance, et il dépend de vous d’obtenir la justice que vous réclamez en vain depuis si longtemps

« De vous seuls y Messieurs, dépend le soin d’assurer l’indépendance du Parlement ; et il est encore en votre pouvoir de faire revivre cette auguste assemblée, qui, dans le dernier siècle, humilia l’orgueil du tyran et rompit vos fers ; mais, pour cela, combien ne devez-vous pas vous montrer délicats dans le choix de vos mandataires ?

« Rejetez hardiment tous ceux qui tenteraient de vous corrompre : ce ne sont que des intrigants qui cherchent à augmenter leur fortune aux dépens de leur honneur et du bien-être de leur patrie.

« Rejetez tous ceux qui tiennent quelques places de la cour, quelque emploi des officiers de la couronne, quelque commission que le roi peut améliorer : comment des hommes aussi dépendants et semblables à ceux qui remplissent aujourd’hui le sénat vous représenteraient-ils avec intégrité ?

« Rejetez ceux qui mendient vos suffrages : vous n’avez rien de bon à attendre de ce côté— là ; s’ils n’étaient jaloux que de l’honneur de servir la patrie, descendraient-ils à un rôle aussi avilissant ? Ces basses menées sont les allures du vice, non de la vertu 5 sans doute, le mérite aime les distinctions honorables, mais content de s’en montrer digne, il ne s’abaisse point à les solliciter, il attend qu’elles lui soient offertes.

« Rejetez tous ceux qui sont décorés de quelques titres pompeux : rarement ont-ils des lumières, plus rarement encore ont-ils des vertus ; que dis-je ? ils n’ont de la noblesse que le nom, le luxe, les travers et les vices.