Page:Chevreul - De la baguette divinatoire, 1854.djvu/127

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132.La baguette divinatoire ne cessa donc pas d’être en usage pendant le xviiie siècle, et, chose assez remarquable, c’est que les hommes les plus renommés pour découvrir les sources étaient du Dauphiné, comme J, Aymar. On les appelait tourneurs, ou sourciers. L’un d’eux, dans le dernier quart du xviiie siècle, occupa vivement l’attention publique. Il se nommait Barthélémy Bleton. Né à Saint-Jean-en-Royant, il fut élevé par charité dans une chartreuse du Dauphiné. À l’âge de sept ans, un jour qu’il avait porté à dîner à des ouvriers, il fut saisi de la fièvre, dit-on, après s’être assis sur une pierre ; les ouvriers l’ayant fait mettre à leur côté, la fièvre disparut ; il la reprit en s’asseyant de nouveau sur la pierre. Le récit de cette alternative d’effets singuliers parvint aux oreilles du prieur de la chartreuse. Il se rendit près de la pierre merveilleuse, et après avoir constaté la vérité du récit, il fit creuser dessous : alors apparut une source qui mit en évidence la faculté de l’enfant pour découvrir les eaux souterraines. Peu à peu sa réputation grandit, et s’étendit du Dauphiné au Lyonnais et à la Bourgogne ; mais on dit que l’âge fut sans influence sur le perfectionnement de la faculté dont Bleton était doué.

Il plaçait horizontalement sur les doigts index une baguette quelconque, fraîche ou sèche, non fourchue, mais un peu courbe ; et pour peu qu’elle le fût, elle tournait sur son axe d’arrière en avant plus ou moins rapidement et plus ou moins de temps, de manière à faire trente ou trente-cinq tours par minute, lorsque la source était puissante.