Page:Chevreul - De la baguette divinatoire, 1854.djvu/177

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connaissons[1]. Une fois convaincu que rien de vraiment extraordinaire n’existait dans les effets qui m’avaient causé tant de surprise, je me suis trouvé dans une disposition si différente de celle où j’étais la première fois que je les observai, que longtemps après et à diverses époques, j’ai essayé, mais toujours en vain, de les reproduire. En invoquant votre témoignage sur un fait qui s’est passé sous vos yeux, il y a plus de douze ans, je prouverai à nos lecteurs que je ne suis pas la seule personne sur qui la vue ait eu de l’influence pour déterminer les oscillations d’un pendule tenu à la main. Un jour où j’étais chez vous avec le général P***** et plusieurs autres personnes, vous vous rappelez sans doute que mes expériences devinrent un des sujets de la conversation ; que le général manifesta le désir d’en connaître les détails, et, qu’après les lui avoir exposés, il ne dissimula pas combien l’influence de la vue sur le mouvement du pendule était contraire à toutes ses idées. Vous vous rap-

  1. « Je conçois très-bien qu’un homme de bonne foi, dont l’attention tout entière est fixée sur le mouvement qu’une baguette qu’il tient en ses mains peut prendre par une cause qui lui est inconnue, pourra recevoir, de la moindre circonstance, la tendance au mouvement nécessaire pour amener la manifestation du phénomène qui l’occupe. Par exemple, si cet homme cherche une source, s’il n’a pas les yeux bandés, la vue d’un gazon vert, abondant, sur lequel il marche, pourra déterminer en lui, à son insu, le mouvement musculaire capable de déranger la baguette, par la liaison établie entre l’idée de la végétation active et celle de l’eau. »