Page:Chevreul - De la baguette divinatoire, 1854.djvu/270

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Tristan, tout en croyant à la baguette, ont dit et répété qu’il n’existe rien de surnaturel dans son mouvement, parce qu’elle agit en vertu d’un fluide identique ou analogue soit à l’électricité, soit au magnétisme. Les dernières tentatives de ses partisans ont donc été de la faire rentrer dans la catégorie des faits naturels, en la dépouillant de toute faculté qui semblerait participer de l’intelligence.

330.Si l’on veut bien se rappeler que plus d’un siècle et demi s’est écoulé depuis l’époque où l’on adressait à la baguette les mêmes questions que l’on adresse aujourd’hui aux tables frappantes (116, 245, 246, 247), les esprits sérieux verront que les sciences et la société ont peu à espérer de celles-ci.

331.Examinons maintenant la question de savoir s’il est utile que l’on entretienne dans la société la disposition à croire à la divination par la baguette, le pendule explorateur ou les tables, choses en dehors de toute tradition religieuse aussi bien que de la philosophie naturelle.

332.Nous avons vu des esprits graves et réfléchis, tels que les pères Lebrun, Malebranche, les abbés de Rancé et Pirot, le père Ménestrier, unanimes à blâmer l’usage de la baguette, le considérant comme illicite, parce que dans l’impossibilité de le rattacher à aucune tradition religieuse ils le jugeaient étranger à Dieu et aux anges, et, dès lors, ils étaient conduits à l’attribuer au démon. Si, avant de connaître les écrits où cette manière de voir est exposée, mes recherches