Page:Chevreul - De la baguette divinatoire, 1854.djvu/273

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raison de ceux qui se livrent à des études quelconques, en habituant leur esprit aux raisonnements sévères que comporte la méthode expérimentale, telle que je l’ai définie. Que le maître s’abstienne donc d’entretenir l’imagination de l’élève d’hypothèses gratuites ; que les choses positives soient la base de son enseignement, et, après les avoir démontrées comme principes, qu’il en développe les conséquences principales, et alors mille occasions se présenteront d’exciter l’attention de l’élève en l’émouvant par le récit des nombreuses merveilles dont les sciences sont redevables à des travaux consciencieux, et en lui donnant des idées justes de ce que la mise en évidence de ces merveilles a coûté d’efforts successifs à des esprits supérieurs ; qu’il s’abstienne de toute distinction prise en dehors de la nature des choses : car si elle a dans sa bouche le mérite de la clarté, elle devient plus tard une cause de difficultés lorsqu’il s’agit de l’appliquer à des cas déterminés ; qu’il évite soigneusement de rompre la chaîne des idées dans leur développement ; qu’il n’oppose pas sans cesse une science, une école nouvelle, à une science, à une école ancienne ; qu’il montre, au contraire, l’intimité des relations du présent avec le passé, en développant la progression de l’esprit humain comme un fait dont l’origine est celle de la civilisation même. Un enseignement émané de cette source aura toujours la vérité pour but, et jamais un jeune auditoire ne sera exploité dans l’intérêt privé d’un ambitieux ou dans celui d’un parti. L’élève n’étant point préparé à mépriser le passé, ou du moins à le compter pour peu, appréciera ce qu’il lui doit,