Page:Chevreul - De la baguette divinatoire, 1854.djvu/93

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nière, que leurs principes s’accommodent avec le faux comme avec le vrai.

Aussi sont-ils toujours prêts à faire des systèmes. On a beau leur dire avec M. Boyle : Pourquoi vous pressez-vous ? peut-être un nouveau fait, quelques nouvelles expériences, des circonstances que vous n’avez pas remarquées, renverseront d’un seul coup tous vos systèmes. Un tel avis n’est point écouté. Est-ce qu’ils veulent se faire un nom, comme dit le même Boyle ? Je n’en sais rien ; mais je sais bien que l’applaudissement qu’ils reçoivent des gens d’esprit est souvent de courte durée.

Que dites-vous, Monsieur, du philosophe qui débita dans les conversations une espèce de système pour expliquer mécaniquement les différentes merveilles que Jacques Aymar opérait ? Il construisit, dit-on, son hypothèse pour la satisfaction de messieurs les gens du roi sur leur relation des faits et leur prédit, par des conséquences tirées de ses principes, que ceux qui excellent à chercher des sources devaient avoir le même don que Jacques Aymar. Par malheur pour l’hypothèse, il se trouve beaucoup de gens à qui la baguette ne tourne que sur des sources ; et le philosophe a bien voulu nous dire lui-même, qu’une femme savante à chercher les sources n’avait fait tourner la baguette à la cave que très-imparfaitement ; il pouvait dire nettement que la baguette ne tourna point, sans craindre qu’on y trouvât à redire, car le public a un merveilleux fond de complaisance pour tous ceux qui parlent en faveur de ce qui le réjouit. C’est ce que savent fort bien ceux qui entreprennent