Page:Chevrier - Le Colporteur, Nourse.djvu/26

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aſſez pour… Oh ? point de mauvaiſe plaiſanterie, je vous prie ; M. Brochure croiroit d’après ce propos indécent… Non, Madame, dit le Colporteur, en interrompant bénignement la Marquiſe, je ne crois rien, & vois encore moins : il faut de la diſcrétion dans notre profeſſion, & ſi nous venions à en manquer, nous ſerions ruinés ; nous ſommes tous les jours témoins de tant d’événemens ſinguliers, que nous paſſerions pour les organes de la médiſance & du ſcandale, ſi nous nous aviſions jamais de les dévoiler. Ce qu’il vous dit là eſt exactement vrai, Marquiſe, repartit le Chevalier, & vous lui donneriez dix louis qu’il ne vous ſonneroit mot de ce qu’il a pu voir dans ſa tournée de ce matin. Ah ! dix louis, Monſieur, ſeroient bien ſéduiſans : les tems ſont d’ailleurs ſi mauvais, que pour une pareille ſomme on ne pourroit gueres s’empêcher de déshonorer cinq à ſix cens perſonnes… Oh, ma foi, s’écria la Marquiſe, vous ne ſerez pas dédit, Monſieur Brochure ; voilà dix louis bien comptés dans ce rouleau d’écus, prenez-les, & faites moi l’hiſtoire ſcandaleuse de votre journée…… Parlerai-je de Madame, dit malignement le Colporteur ? Ah ! miſéricorde, repartit le Chevalier ; M. Brochure fait auſſi des épigrammes. M. Brochure, répondit Madame de Sarmé, eſt un impertinent. Pardon, Madame, reprit le Colpor-