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Page:Chevrier - Le Colporteur, Nourse.djvu/27

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teur, je croyois que vous m’aviez payé pour ne rien omettre ; mais mon projet n’étant point de vous déplaire, je vais me rabattre ſur la Cour & la Ville : ce ſont-là des champs où la chronique médiſante peut moiſſonner à loiſir.

Allons, perruque, dit le Chevalier, aſſieds-toi ſur ce tabouret, & commence.

Je débuterai, répondit Brochure, par un aveu dont j’eſpere que vous ne me ſçaurez pas mauvais gré ; je ne ſuis point Colporteur, & cette médaille, que vous me voyez, n’eſt qu’un paſſe-port que la Police me donne pour aller, en portant des livres ſous le manteau, épier les anecdotes ſcandaleuſes, & les aventures galantes dont je compoſe le ſoir un petit memoria que je porte au bureau.

Ce métier eſt-il bien bon, demanda Madame de Sarmé ? La Police, repartit Brochure, me fourni gratis tous les livres que je vends, & comme je ne partage avec perſonne, le débit ſeul eſt à moi. Avant d’en venir à vos hiſtoires, reprit la Marquiſe, voyons un peu tous les livres qui ſont dans ce ſac. Madame de Sarmé & le Chevalier ſaiſirent avidement toutes les brochures qui étoient dans le paquet du Colporteur. Les Œuvres du Marquis de Cavaccioli tomberent d’abord ſous la main du Chevalier, chacun étendit les bras, & bâilla, Brochure lui-même s’endormit en