Page:Chevrier - Le Colporteur, Nourse.djvu/31

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gros in-quarto ; dit le Chevalier ? C’eſt, repartit Brochure, un compoſé des quatre ſemences froides. Je vous entends, dit Madame de Sarmé, ce ſont des harangues académiques. Oui, Madame, reprit le Colporteur ; j’y ai joint, pour la commodité de mes lecteurs malades, un aſſortiment léthargique des Odes ſacrées du Préſident le Franc, & des Eſſais de Morale de l’Abbé Trublet. De pareils écrits, continua Brochure, feroient la fortune de nos apothicaires, & jamais les ſomniferes, que ces Meſſieurs préparent, n’auront la vertu de ces livres ſoporatifs. Laiſſons donc tout ce fatras, dit le Chevalier. Ah ! puiſque je vous ai endormi, repliqua le Colporteur, ſouffrez que je vous éveille ; liſez les Contes Moraux de M. Marmontel, vois y trouverez un préſervatif contre l’aſſoupiſſement ; liſez, & vous ne bâillerez point, car j’ai mis de côté les Tragédies de cet auteur. Ah ! la précaution eſt bonne, s’écria le Chevalier ! Voudriez-vous, pourſuivit Brochure, jetter un coup d’œil ſur les œuvres de Charles Paliſſot. Voyons ſa viſion, repondit la Marquiſe, elle eſt auſſi vraie que plaiſante ; mais pour les ouvrages de cet infâme barbouilleur, ils reſſemblent à ſes mœurs. En ce cas, repartit le Colporteur, je vais les reléguer dans mon magaſin léthargique.

Qu’as-tu encore de plaiſant, demanda le Chevalier ? Puiſque vous voulez tout voir