Aller au contenu

Page:Chevrier - Le Colporteur, Nourse.djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 24 )

Eh parbleu, lui dira-t-on, de telles faveurs arrachées à la pitié par l’importunité, ne prouvent pas le mérite ; Chapelain & Pradon, avilis avec raiſon, étoient penſionnés par Louis XIV. La comparaiſon de ces deux auteurs, tout médiocres qu’ils ſont, honore M. Accarias, qui n’eſt aſſurément pas en état de faire la Pucelle ni Regulus. Mais c’eſt l’épidémie de ce ſiecle ; chacun veut être auteur, quand il ne fait plus que devenir ; encore ſi la modeſtie, qui devroit être le Partage de la médiocrité, annonçoit ces Intrus dans l’Empire des lettres ? mais non, la fureur de médire des gens qu’ils croient ne craindre plus, dès qu’ils les ont perdus de vue ; un ton impoſant, & une ignorance ſuprême de leur démérite appuyé par l’inſolence même, leur perſuadent qu’ils ſont de grands hommes ; & partant de ce principe erroné, ils ont la manie de jouer les importans, de prévenir qu’ils ont dans leurs porte-feuilles des ſyſtêmes de Gouvernement, & de vouloir enfin ſe faire acheter par des Souverains étrangers qui dédaignent de les marchander.

Tous vos Journaux me font bâiller, M. Brochure, dit la Marquiſe. Tant mieux, Madame, répondit le Colporteur, ils rempliſſent leur objet : comme je ne les vends que contre l’inſomnie, je ſuis charmé quand ils font leur effet. Quel eſt ce