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CEYLAN.

pathie, de découvrir l’état d’âme habituel de la race qui se perpétue sous ces palmes, et dont les vagues aspirations s’expriment par ces architectures, par la quotidienne offrande des fleurs au Bouddha souriant.

D’où viennent-ils et que signifient-ils ces trois monstres inquiétants qui grimacent sur le portique ? A quoi rêvent-ils, tout le long du jour, ces moines qui errent sur les parvis de marine ? La tête rasée, les pieds nus, un bras nu sortant de la grande étoffe jaune qui les drape, ils glissent par les couloirs. En voici cinq ou six qui passent sans bruit, éclairant les ombres intérieures de l’éclat doux de leurs robes orange. Ils sourient avec mystère, un sourire d’une douceur et d’un sérieux inexprimables. …

Le religieux qui me guide me conduit dans la grande cour centrale, jusqu’au pied du figuier sacré qui fait la sainteté du monastère. C’est un rejeton de l’arbre Bo, qui abrita pendant cinq ans la méditation du divin Çakya-Mouni. Avec une lente inclination le religieux m’en a remis une feuille : à ce moment, j’ai cru saisir ce qu’exprime sa figure, figure pâle de végétarien, immobile et fine, front saillant, lèvres intelligentes, serrées, et toujours ce même demi-sourire si grave et si paisible.

Ils errent, silencieux, parmi les fleurs éternelles, à l’ombre eus bambous géants, nourris des