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CEYLAN.

V

Vers cinq heures, le soleil est plus doux. Je quitte le temple, pressé de me perdre un peu dans cette nature équatoriale. On ne voit qu’elle ici, et devant sa grandeur on est peu curieux des hommes et des coutumes. D’où vient donc son tout-puissant attrait ? Est-ce que nos ancêtres lointains, les premiers êtres qui eurent la tonne humaine, apparurent dans un monde semblables celui-ci, lorsque les grandes fougères couvraient encore les continents ? Est-ce que leurs instincts, endormis depuis des milliers de siècles, se remettent à vivre en nous au spectacle des choses qui leur turent familières ?

Se suis une route déserte, entre des haies constellées d’étoiles bleues, jaunes, rouges, chargées d’énormes Heurs resplendissantes, aux pétales raides et satinés, sauvages ici, mais plus belles que dans les serres des rois. De cette floraison somptueuse, montent follement de haut caoutchouc, bambou chinois, pesantes palmes, longues de dix pieds. A gauche, au-dessous de la route, un bois de cocotier dévale, et les troncs droits, serrés, couronnés d’un large bouquet de