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CEYLAN.

apparition sortie pour un instant de la nuit, agitée sur la surface de l’être incompréhensible.

Des millions d’étoiles, d’étoiles vivantes emplissant l’espace de leur frissonnement. En bas, les silhouettes silencieuses, les fantômes géants des fougères et des arbres inconnus semblent un rêve. L’air est plein du bruissement des grands insectes du sud. Dans les ténèbres des mouches de feu zigzaguent, et l’on se penche pour saisir très loin, à peine perceptible, une musique sauvage, une sonnerie étrangement rythmée de trompettes et de gongs, annonçant l’offrande des fleurs dans quelque temple de village perdu.

Comme j’approche de Kandy, la route se peuple. Dans la nuit, des hommes et des femmes se pressent vers la ville. Là-bas, dans le silence, l’étonnante mélopée bouddhiste les appelle à travers la jungle, et ils sont sortis je ne sais d’où, de toutes les petites cases dispersées dans les fourrés, cachées sous les grandes plantes.

Vite, mêlé aux bandes silencieuses des fidèles chargés de fleura, je traverse Kandy presque invisible dans la nuit épaisse. Nul autre bruit que la pulsation des gongs qui emplit la ville. A côté l’étang noir, sur le grand portique, les monstres veillent toujours et l’entrée des jardin est gardée par des prêtres silencieux qui, sans un geste, re-