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CEYLAN.

IX

12 novembre.

Hier, en chemin de fer, revenant de l’intérieur, j’ai rencontré an Hollandais : gras, doux, pâle, geste pacifique, parole rare. Du tempérament hollandais, il ne reste que le flegme et la mollesse, la carnation sanguine a disparu sous la chaleur bout de cinq minutes, il m’a demandé mon adresse pour m’envoyer des leurs ; car mes poches bourrées de roses, de sensitives, de jasmins, de pétales multicolores, mon admiration pour ces grandes fleurs, qui poussent partout, l’avaient surpris. Petit à petit, j’apprends que mon homme est né à Ceylan, qu’il possède des plantations de thé dans la montagne et demeure avec sa famille à Colombo. Aujourd’hui, je déjeune chez lui. Son bungalow, situé dans les cinnamon-gardens (jardins de cannelle), ressemble à une villa d’ancien Romain riche : clarté et fraîcheur délicieuse, salles spacieuses séparées par des cloisons de bois odorant, ouvragé, découpé à jour ; grandes chaises longues d’osier où l’on passe les journées étendu, la cigarette aux lèvres ou les yeux sur un livre. Jolis enfants, mais étrangement pâles, d’un teint translucide de cire blanche, affinés, alanguis par