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PONDICHÉRY ET CALCUTTA.

tout respire ici l’odeur de la petite ville de province française, très éloignée du centre et pourtant ne vivant que des quelques goutte que lui distribue le centre, de la sous-préfecture banale, où tout est régulier, ennuyeux, vieillot. Celle-ci est beaucoup plus loin de Paris que Carpentras ou Landerneau.

Cependant le haut fonctionnaire débarque. Les notables t’accueillent : il y a de longues présentations et des sourires officiels. Très pompeusement, un personnage indigène s’incline devant lui, embarrassé dans ses robes blanches, chargé de bijoux, très gros, très lourd, très ventru, clignotant dans sa figure terne de brahmane. Il s’appuie avec dignité sur la canne d’argent dont fut gratifiée sa famille le jour où, les boulets manquant, son ancêtre offrit des lingots d’or pour en bombarder les Anglais qui assiégeaient Pondichéry.

Encore des présentations, des discours, des serrements de main. Maintenant, le fonctionnaire de la République, flanqué de ses secrétaires, en habit noir, s’avance en tête du cortège, passe sous les arcs de triomphe et les forces françaises, les trois cents cipayes battent aux champs. Très touchante et un peu comique dans ce cadre exotique, cette cérémonie qui rappelle nos distributions de prix, nos inaugurations officielles de monuments ou les tournées électorales de nos ministres.