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DANS L’INDE.

Jolie ville, claire et propre. Toujours cette terre rouge indienne et ces parfums qui sortent on ne sait d’où. Les routes s’allongent droites, bordées de palmiers, traversées à tout moment par les petits écureuils rayés qui soulèvent un léger flot de poussière. On se sent déjà loin de Ceylan ; cette végétalion a quelque chose de précis, d’arrêté. Voici une allée de palmiers qui certainement était la même il a dix ans qu’aujourd’hui : on ne voit plus ici la mollesse et l’ondoiement de la vie rapide.

Le plus grand plaisir des yeux, c’est de voir remuer ce peuple de femmes si simplement, si magnifiquement drapées. Avec leur port droit, leurs poitrines rejetées en arrière, leurs têtes chargées de vases de cuivre, elles font des lignes pures et nobles. Malgré l’éclat des couleurs, ce monde fait penser à la Grèce antique : mêmes altitudes de statues, même tranquillité des gestes, même vie en plein air, mêmes petites maisons de terre, basses, fraîches, blanches, carrées, vides de meubles, où des femmes assises dans l’ombre s’occupent à filer.

A trois kilomètres de Pondichéry, nous arrivons à la pagode de Vilenoor et nous ne pensons plus à la Grèce. Au-dessus du village — vingt pauvres en lianes de boue séchée, vingt huttes sauvages à l’ombre, desquelles des noirs à tètes bestiales somnolent — se dresse nue chose indescriptible, un