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Page:Chincholle - Dans l’Ombre, 1871.pdf/100

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mission de nous consoler de nos sacrifices à la faim.

Cette dîme, imposée au profit immédiat de l’estomac, l’homme, prétendait-il, la paie avec une telle répugnance, qu’il l’a déguisée sous des noms chatoyants et qu’il lui a prêté de faux buts agréables ou utiles. Pour ne pas voir nos chaînes, nous les couvrons de fleurs. Nous avons inventé les festins, les banquets, les repas de noces. L’on a ainsi l’air de se réunir pour se reconnaître, pour causer, pour chanter, — et l’on mange ! Nous sommes des serfs qui ne pouvons échapper à la corvée.

À coup sûr, M. Jacquin qui avait plus d’une fois soupé chez Foyot, désavouait cette théorie. Quant à Francisque, c’était, — seulement, hélas, lorsqu’il ne dînait pas chez lui ! — un Lucullus. L’oncle et le neveu trouvaient qu’avant du bon café, agrémenté par un bon cigare, il n’y a rien de meilleur qu’un bon repas, mais ils faisaient à notre prêtre une petite concession ; ils accordaient que, pour nouer des relations, rien ne vaut l’ensemble de ces bonnes choses-là.

Donc, à la fin du déjeuner, l’homme d’affaires, attirant Madeleine entre ses