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Page:Chincholle - Dans l’Ombre, 1871.pdf/108

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voilait d’un nuage, elle s’est enveloppée de ce prestige ; façon spirituelle de se tirer de son rôle embarrassant de maîtresse de maison. Forcée par les convenances de sacrifier sa toilette à celle de son invitée, elle s’est faite si gentiment humble que cette humilité même l’eût rendue à bien des yeux d’autant plus dangereuse. Ses cheveux blonds négligemment jetés en arrière dans un filet de chenille bleue, vêtue d’une robe d’alpaga gris-perle bordée de ruche, les bras à l’aise dans de larges manchettes de tulle, qui rendent sa peau presque fluide, une petite cravate bleue au cou et des rubans de la même couleur pour bracelets, Madeleine semble ainsi l’incarnation d’une créature rêvée. À présent, oui, Julia peut venir. Qu’elle vienne donc ! La voici :

— Oh, Madeleine ! fit-elle, et elle pâlit.

Tout ce qu’il y eut dans cette exclamation, jamais on ne vous le dépeindrait. Cela feignit d’être admiratif ; ce fut de la jalousie, de la rage, un reproche, un aveu d’impuissance.

Aussitôt, Julia enfanta une famille de pensées atroces, vraies pensées de femme qui entreprend de se venger. Francisque parlait alors à Madeleine. Elle fixa sur